Le pire eviter dans le gers

Ivre, le chauffeur de bus est stoppé par les élèves
Transport. Le conducteur du bus Thil-L'Isle-Jourdain présentait une alcoolémie de 2,44g/l.
Hier après-midi, les élèves de la cite scolaire de L'Isle-Jourdain évoquaient tous l'incident avant de reprendre leur bus.

On a frôlé le drame hier, vers 8 heures, sur la route qui mène de Lévignac à L'Isle-Jourdain : le conducteur d'un bus de ramassage scolaire a été stoppé par les élèves qu'il transportait et certains parents alors qu'il conduisait dangereusement, dans un état second. Vite alertés, les gendarmes ont découvert, effarés, que cet homme de 59 ans, demeurant à L'Isle-Jourdain, présentait un taux d'alcoolémie record : 2,44 g/l, soit près de cinq fois la limite légale.

Le conducteur, placé en garde à vue à la brigade de Léguevin, était tellement ivre que, hier soir, les gendarmes n'avaient toujours pas pu l'auditionner.

Ce sont des élèves eux-mêmes, parmi la quarantaine de collégiens et lycéens scolarisés à L'Isle-Jourdain, qui ont donné l'alerte, depuis le bus, à l'aide des téléphones portables. « Le fils d'une amie m'a appelé en me disant que le chauffeur n'était pas bien », indique une habitante de Pradères, dont la fille prend le bus à Lasserre.

Lorsque le bus, qui avait commencé sa tournée à Thil, a atteint cette commune, vers 8 h 30, les jeunes sont descendus. Des parents, présents, ont donné l'alerte. « Je suis allé frapper à la vitre du bus et j'ai demandé au chauffeur de couper le contact. Il me semblait qu'il avait pris des médicaments », témoigne l'employé municipal de Lasserre. « J'essayais de dialoguer avec lui, poursuit la mère d'une collégienne. Il tenait des propos bizarres. Il tremblait. Il m'a dit qu'il s'était cogné la tête samedi en coupant du bois, qu'il ne se sentait pas bien… J'ai vu qu'il avait une bouteille de vin contre son siège. »

La veille déjà, le chauffeur avait terrorisé les élèves par sa conduite. « Ma petite fille a eu la peur de sa vie », rapporte une grand-mère. Il zigzaguait, conduisait à deux à l'heure. »

« Les élèves avaient déjà noté que ce chauffeur n'était pas dans son état normal mercredi et j'ai prévenu le transporteur », souligne Maryse Morère, proviseur de la cité scolaire de L'Isle-Jourdain. Je regrette qu'il n'y ait pas eu de suite. » Même incompréhension chez une parent d'élève : « Je n'ai pas compris pourquoi le conducteur reconduisait. »

Hier matin, les enfants ont été acheminés à bon port avec un autre bus. « Ils étaient tous un peu choqués », observe une mère de famille.


Le patron : «Je pense que je vais le licencier»

Jean-Pierre de Thomas a 24 bus et une réputation à défendre, à L'Isle-Jourdain. Alors, en apprenant l'arrestation de ce chauffeur embauché en août dernier, il est « tombé de haut ». En déplacement en Corse, le patron de cette société de bus scolaires avoue pourtant avoir été alerté la veille. « Je l'ai appelé mercredi après-midi. Je lui ai demandé s'il était fatigué, s'il prenait des tranquillisants et s'il avait besoin de prendre des jours pour se reposer. Il m'a dit que tout allait bien. Jusqu'à hier (NDLR : mercredi), je ne m'étais jamais douté de rien. Sinon, je n'aurais pas continué avec lui. C'est quelqu'un qui paraissait motivé, un ancien chauffeur poids lourds qui s'ennuyait à la retraite. Il voulait travailler. Il a passé le Fimo (formation initiale minimale obligatoire) et je l'ai embauché. Maintenant, quand on va embaucher quelqu'un, il va falloir lui faire les gammas GT pour voir s'il ne boit pas. Quand on voit ça, on ne peut qu'être favorable au système antidémarrage en cas d'alcoolémie. »
«J'ai dit aux jeunes de pas monter»

Resurreccion Réglat n'est pas prête d'oublier la journée d'hier. « Il se trouve que j'ai croisé le bus à Thil et que j'ai vu qu'il avait vingt minutes de retard. Je devais déposer ma fille. Et donc après, j'ai appelé mon fils sur son portable. Il m'a dit que le chauffeur conduisait de plus en plus mal, et que beaucoup d'enfants voulaient descendre. Aussitôt, j'ai appelé le lycée et j'ai demandé au proviseur adjoint d'appeler la gendarmerie de suite, ce qu'il a fait. » La suite, c'est Guillaume qui la raconte : « Au deuxième arrêt à Lévignac, j'ai dit aux jeunes du collège du Clos Fleuri de pas monter et d'appeler leurs parents pour qu'ils les amènent. Après, ça a été de pire en pire. Il s'y est repris à trois fois pour prendre le virage à la sortie de Lévignac. Il roulait très très lentement. On est arrivé à Lasserre à 8 h 30 alors que c'est l'heure où on aurait déjà dû être en cours. Là, on est tous descendu sauf trois terminales. Le chauffeur a fait 50 mètres puis il a fait demi tour. Et il est descendu avec les trois terminales. Ma mère est arrivée et un autre bus est venu nous chercher. Heureusement, au retour, on a eu une chauffeuse qui était très très gentille. »

oui heureusement qu'ils on les bons réflexe et que les portables servent bien finalement.